J’ai mal à mon pays

Censorship round

Pays de la liberté et des grands espaces. Comme toute nation, pays bâti sur les guerres et les conflits. Petit enfant repentant, il veut faire amende honorable. Il ouvre les bras, il accueille, il cajole. Il veut faire oublier qu’il n’est pas mieux que le voisin, qu’il n’est pas plus pur. Voulant trop bien faire, le pays oublie ses citoyens. Il oublie les principes pourtant si cher à son cœur et fait la promotion de l’autre au détriment de lui-même. La nation n’a pas compris la différence entre l’ouverture et l’acceptation envers autrui et la promotion d’un mode de vie qui va la plupart du temps à l’encontre de ses valeurs, celles qui ont pourtant fait sa réputation. La liberté d’expression n’existe plus pour ces citoyens qui chérissent leur liberté, leur droit de parole, leur droit à leurs idées, parfois exprimées maladroitement — par passion, par colère, par peur. Ils se sont pourtant battus, jadis, contre l’Église voulant les maintenir dans le noir, les forçant à obéir à des idéologies complètement dépassées. Ces gens qui ne veulent pas troquer un veau d’or pour un autre sont automatiquement étiquetés racistes, islamophobes, petit peuple sans scolarisation. La promotion d’un multiculturalisme ciblé n’a pour but que la valorisation de tout ce qui n’est pas Canadien. Le citoyen doit se cacher, doit se taire et demander pardon bien bas de ne pas promouvoir l’une des plus grandes causes de discorde et de guerre à travers la planète. La liberté de conscience a été bannie, rejetée par ses élus.

L’enfant repentant, voulant faire au mieux, a troqué peu à peu sa ceinture fléchée pour un voile, la liberté de son peuple pour les revendications d’un autre. « Peur inconsidérée », certains avaient clamé. Changement subtil, mais non moins présent. Je viens d’un peuple ouvert de nature, qui est devenu sélectif par nécessité, par peur (justifiée) de perdre ce dont il a travaillé si fort à obtenir : la liberté de penser et d’agir, l’égalité entre les genres, la neutralité face à des croyances qui n’ont plus leur place. Avec un peu de chance, moi qui ai quelques décennies au compteur, je ne verrai pas l’enfant des grands espaces devenir celui d’une grotte sans espoir.

J’ai tenté — parfois à mon corps défendant — d’éviter l’anxiété découlant des conflits d’opinion, de déplaire ou de blesser des gens par inadvertance en publiant mes opinions et mes idéologies sur ce blogue, censé être dédié uniquement à l’écriture. Je me censure, je me prive de ma liberté d’expression pour ne pas déplaire. Ce sont pourtant ces mêmes points de vue et prises de position qui me définissent en tant que personne et auteure. C’est grâce à ces valeurs que j’ai la liberté d’écrire tout ce qui me passe par la tête, de publier mes textes et de vivre ma vie sans avoir à craindre que mes pensées se soldent par des représailles. Tellement de gens — de femmes ! — à travers le monde n’ont pas cette chance de liberté de conscience et d’expression. La femme — et l’auteure — que je suis tremble d’angoisse face à l’avenir incertain qui se dévoile lentement devant ses yeux tristes. Serai-je également persécutée un jour parce que je suis une athée issue de colons francophones ? Que mes racines sont trop profondes pour être honnête ?

Cet avenir, aussi incertain soit-il, est le seul qui pourra le dire.

Une réflexion sur “J’ai mal à mon pays

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