Nouvelle : Cinq degrés

Cinq degrés

Elle ne comprit pas ce qui se passait. En quelques heures, le monde était devenu sens dessus dessous. À l’ère où l’information se transmet plus rapidement que le virus du rhume, les médias n’avaient pas été à la hauteur. Comment l’auraient-ils pu ? Les villes disparaissaient plus rapidement que la propagation de la nouvelle, avalées par la noirceur, un assaillant impossible à combattre. Implacable. Lorsque Nadia mourut, tranchée par un éclat de verre géant provenant de l’édifice sous lequel elle courait pour tenter de se mettre à l’abri, elle ignorait toujours la cause de ce chaos. Son corps se sectionna si vite qu’en tombant au sol, elle ne réalisa même pas qu’elle était déjà morte. Elle eut le temps de voir, à moins d’un mètre de son visage, les deux tiers inférieurs d’elle-même, coupés de la clavicule droite à la hanche gauche. Un sanglant dernier battement de cœur, et elle ferma les yeux pour toujours. Elle s’éteignit sans même réaliser qu’elle était à l’origine de cette catastrophe planétaire. Elle n’était pas la seule coupable… mais elle en était en quelque sorte le Ground Zero. Il n’avait suffi que d’un petit détail… et de cinq poignées de mains virtuelles.

Tout avait commencé un an plus tôt. Nadia venait tout juste de s’assoir à son bureau du CERN, un café moka bien chaud à la main, lorsque son ordinateur bipa, demandant l’entrée d’un nouveau mot de passe. Tous les quinze jours, ça devenait ridicule à la fin ! Elle était en manque d’imagination totale et décida d’exceptionnellement le noter sur un bout de papier, qu’elle collât négligemment sous le clavier. Devant entrer son code vingt fois par jour, il serait vite mémorisé. Toutefois, Nadia oublia de détruire cette clé informatique à la fin de sa journée de travail, dérogeant ainsi à la stricte politique de l’organisation. Elle détruisit l’indésirable le lendemain… mais il était déjà trop tard.

Mikaël était à son premier jour de travail au centre de recherche. D’accord, ce n’était pas l’emploi du tonnerre, mais ce boulot de vide-poubelle de nuit le comblait. Il avait la paix. Il tenta toute la nuit de repérer un mot de passe lui permettant d’ouvrir les portes informatiques du CERN. Un hacker récemment rencontré sur le web lui avait dit pouvoir traverser toute protection d’accès réseau pourvu qu’il eût au moins un mot de passe valide. Mikaël en était à la moitié de sa nuit, et ne croyait plus trop tomber sur quelque chose d’intéressant, lorsqu’il retourna machinalement un clavier et dénicha la perle rare. Il survola les alentours du regard et trouva la plaque d’identification de l’infortunée employée : Nadia Bahon. Il détacha la manche de sa chemise, prit un stylo et inscrivit l’information sur son avant-bras avant camoufler le tout. Il ne pouvait plus attendre de finir cette fructueuse journée de travail !

Benjamin travaillait pour un cabinet d’avocat comme technicien aux TI. Il ne pouvait pas croire que ses études l’avaient mené à un travail aussi minable. « Oui, Madame Untel, il faut cliquer à droite pour obtenir le menu. Non, Madame. Pas à la droite de l’écran, mais sur le bouton de droite. Oui, vous avez un bouton droit. » Pathétique. Comme passetemps et pour se prouver qu’il était encore vivant, il entrait par effraction sur des réseaux informatiques. Compagnies pétrolières ou pharmaceutiques, partis politiques, etc. Il en profitait de temps à autre pour glaner de l’information intéressante, et l’offrir contre rémunération sur des réseaux clandestins. Le trafic de renseignements était une activité plutôt lucrative. Lorsqu’un certain Mikaël lui avait dit travailler au CERN, Benjamin y avait vu une occasion en or de faire un grand coup. Il avait déjà essayé de s’y introduire, mais, sans un mot de passe valide et un nom d’usager, c’était impossible avec un réseau aussi crypté. Une fois les précieuses données obtenues de cet inconnu qui croyait qu’ils étaient maintenant les meilleurs potes du monde, le pirate à temps partiel s’amusa comme un petit fou à naviguer dans un des systèmes les plus convoités. Il copia tous les renseignements qu’il put trouver sur le collisionneur, même s’il ne comprenait pas le centième de ce qu’il lisait, et mit l’info aux enchères sur un des sites undergrounds qu’il fréquentait. L’attente fut heureusement courte, et il transmit tout ce qu’il avait pu obtenir à JOS171 en échange d’un beau gros transfert bancaire sur un compte aux Caïmans. Il pourrait désormais se payer le nouveau serveur informatique dont il rêvait depuis si longtemps. Oui, la vie était belle !

Joséphine avait l’air d’une gentille hygiéniste dentaire ; elle arborait même l’air d’une nunuche de première avec ses longs cheveux blonds, ses yeux innocents et sa conversation (très) limitée aux derniers potins des stars. Les apparences sont souvent trompeuses dit-on… c’était un réel euphémisme en ce qui concernait la belle Josie. Une chose que lui avaient bien fait comprendre ses nombreux changements de familles d’accueil : tu n’obtenais rien dans la vie à moins de manipuler les gens et de te retrousser les manches. Son petit réseau avait pris quelque temps à se développer, mais elle était maintenant en mesure d’acheter des renseignements de plus en plus chers et de les vendre pour des sommes dépassant ses espérances. Lorsqu’elle reçut le message de BEN358, elle n’en crut presque pas ses yeux : les plans du collisionneur ! Elle pensa tout de suite à un tout nouveau contact aux Émirats arabes unis ; il serait bien content de pouvoir obtenir une telle technologie. Quelques courriels et voilà : sa première vente à six chiffres. Joséphine ne pouvait pas croire sa chance. Elle jouait maintenant dans la cour des grands.

Abd Al-Kader avait trouvé le moyen de s’élever encore plus dans les sphères du souverain : les plans pour créer un accélérateur de particules. Avec les fonds quasi illimités du pays, ils pourraient très certainement devenir la plus grande puissance de la planète. Ils possédaient déjà le pétrole ; pourquoi pas un collisionneur de hadrons ? Sans l’éthique mal placée des pays industrialisés, ils pourraient même trouver d’autres utilisations. Abd Al-Kader manœuvra bien ses pions sur l’échiquier : en à peine douze mois, les Émirats avaient réussi l’impossible. Il ne restait qu’à attirer dans leur antre des scientifiques ambitieux. Les salaires faramineux seraient comme du miel pour les abeilles.

Mohammed Kabir savait que le roi désirait se débarrasser des scientifiques locaux pour engager des impures. Il était prêt à vendre l’essence même de son pays à des étrangers. Traitre. En fidèle musulman, Mohammed croyait fermement que le salut du monde entier était perdu. Il n’y avait qu’une solution : tout détruire afin d’assurer que les fidèles aient enfin la chance de rencontrer Allah. Un monde meilleur pourrait être créé. Par une nuit tranquille, Kabir retourna au centre de recherche sous prétexte qu’il avait du travail à terminer. Le temps étant de l’argent, ce n’était pas rare que des gens couchent même sur place afin de terminer un projet. Personne n’aurait pu se douter que le petit rat de laboratoire détenait autant de connaissances ; il avait toujours été sous-estimé. Par une manœuvre tout à fait hasardeuse, il réussit ce qui était apparemment impossible : la création d’un trou noir. Microscopique au début, il grossit rapidement, avalant tout sur son passage. Mohammed s’agenouilla et s’inclina : il les avait tous sauvés.

Sans le savoir, Nadia Bahon, petite employée sans importance au sein du CERN, avait cinq degrés de séparation avec Mohammed Kabir, un scientifique extrémiste. Une simple dérogation à une procédure de sécurité qui était des plus banales avait dérapé en la destruction complète du système solaire. Le trou noir dévora la Terre en moins de vingt-deux heures. Suivit la Lune, Vénus et Mercure d’un côté, Mars, Jupiter et Saturne de l’autre. Lorsque vint le tour du soleil, tout espoir de stopper le phénomène avait disparu. Il n’avait suffi que de cinq degrés.

* La graphie rectifiée est appliquée à ce texte.

Nouvelle : Bananes, stylos et quoi encore?

Bananes, stylos et quoi encore

Les deux hommes se trouvant en compagnie de l’excentrique Hector Gervais se retournèrent comme un seul homme, stupéfaits. Le quatrième individu, Maxime Bouchard, ne fit pas un geste. Il lui aurait été difficile d’en faire autrement puisqu’il était raide mort. La musique et la vibration, provenant du téléphone cellulaire collé fermement à la tempe droite du défunt à l’aide de ruban adhésif, se firent entendre. Personne ne se retourna. C’était le même manège toutes les minutes depuis leur arrivée dans les égouts municipaux de la rue Wellington, tout juste au pied du Parlement d’Ottawa. Le mort, un blogueur politique au Huffington Post, se trouvait aussi pendu que sa langue, les yeux recouverts par un foulard de soie rouge. Il ballottait dans le vide à quelques centimètres du sol, nu comme un ver, le cou solidement attaché à l’aide d’une corde à un des barreaux de l’échelle menant dans les bas-fonds malodorants de la ville. On était peut-être au beau milieu de la zone touristique de la capitale nationale, mais aucune visite guidée ne se faisait à cet endroit. Le médecin légiste venait tout juste de retirer le ruban gommé se trouvant sur la bouche de la victime pour y trouver, contre toute attente, le permis de conduire et la carte de crédit du défunt lorsque Hector avait fait sa fracassante assertion. Le détective soupira lourdement : ses collègues n’avaient aucune imagination. Ils ne possédaient qu’une froide et monotone logique. Avec l’air de supériorité du professeur faisant face à des cancres, il se décida à leur faire bénéficier de son savoir :

― Comme je le disais, ce n’est pas un meurtre. C’est une asphyxie auto-érotique qui a mal tourné. C’est simple : en manque de sensation forte, il décide de mettre un peu de danger dans sa vie sexuelle désaxée. Puisqu’il vit toujours chez sa mère, et je dois dire qu’à trente et un ans c’est plutôt décourageant, il décide de s’octroyer une visite nocturne sous l’objet même de sa critique constante, c’est-à-dire le Parlement. Il descend par le trou d’homme en catimini, se déplace à plus de cent mètres dans l’eau stagnante avant de trouver un petit endroit sec pour y déposer ses vêtements. Il retourne à l’échelle, attache sa corde et la passe autour de son cou. Par peur de se faire voler, il sécurise ses cartes dans sa bouche afin qu’elles ne tombent pas inopinément pendant sa partie de fesses en l’air avec lui-même. Il met l’alarme de son cellulaire pour qu’elle sonne toutes les minutes au cas où il s’évanouirait. Il se bande les yeux afin d’augmenter la dépravation sensorielle et il se laisse lentement descendre, tout en gardant au moins un pied sur un barreau, laissant l’asphyxie l’amener à l’euphorie. Manque de bol, l’hypoxie qui s’en suit lui fait perdre connaissance et il perd pied. Affaibli, il est incapable de se sortir de sa fâcheuse position. Et voilà!

― Tu n’es pas sérieux, là, Gervais? demanda l’autre détective, pantois.

― J’oubliais! L’autopsie révèlera probablement des traces de drogue, GHB ou ectasie, utilisée afin d’augmenter son nirvana rocambolesque.

― C’est le troisième cas de mort étrange en cinq mois, dit le médecin légiste. Une mort par surdose de bananes et un meurtre à l’aide d’une vingtaine de stylos. C’est fou!

― Avec Internet, mon cher, il n’y a plus rien qui m’étonne! s’exclama Hector. Bon, ce n’est pas que je m’ennuie, mais je vous laisse à votre travail de croque-mort.

Le vaudevillesque détective s’approcha prestement du mort et lui enleva dare-dare le foulard de soie rouge, sous les yeux ahuris de ses collègues. D’un geste théâtral, il l’enroula autour de son cou avant de s’enfoncer dans la sombre et nauséabonde canalisation. Il ne lui restait plus qu’à mettre en scène deux ou trois autres décès loufoques avant de pouvoir publier un mémoire sur ses enquêtes les plus mémorables et prendre une retraite confortable. Ce n’est pas de ma faute!, se dit-il, tout en marchant d’un pas léger sans se soucier des rats lui ouvrant la marche, c’est tellement ennuyant une ville de fonctionnaires! Un peu de piquant n’a jamais fait de mal à personne après tout!

Mention spéciale du Jury au concours de polar MonBestSeller

Défi : Nouvelle policière – maximum absolu de 3 450 caractères – Volet régional obligatoire

Nouvelle : Le saut de l’ange*

Source: Coolxnalara - DeviantArt

Source: Coolxnalara – DeviantArt

Le temps était soudainement en suspens. Entre le moment où je fus poussée dans le dos et celui où mes pieds quittèrent le tablier du pont, la trotteuse sembla prendre une petite vacance. Je commençai mon saut de l’ange en me disant que la rivière noire ressemblait plus à un miroir de marbre qu’à de l’eau… ce n’était pas bon signe. Je pensai rapidement à ce qui m’avait amenée vers cette fatidique seconde, et je me dis : « Mais pourquoi ai-je donc liké Camille Britton ? »

Deux semaines plus tôt…

Ce soir-là, j’étais toute peinarde dans ma chambre, comme une duchesse négligemment étendue sur ses coussins de soie, ma tablette au bout des doigts. Les mioches étaient dans leur chambre, deux petits morveux qui n’avaient pas arrêté de crier depuis l’heure du souper. Leur père, à qui j’osais à peine à attribuer la dénomination de « mari » tant il était à des années-lumière de ma propre existence, était bêtement affalé devant un match de foot. Je surfais sur Facebook, tentant de me changer les idées lorsqu’une demande d’amitié apparut en haut de la page, telle une bouée jetée providentiellement à la rescousse de mon esprit s’enfonçant dans les eaux tumultueuses de l’ennui. Je ne connaissais pas cette « Camille Britton », mais son avatar de petit chat mignon m’attira. Je connaissais tellement de gens, il était possible que ce soit une amie d’une amie (ou bien une des poufiasses du secondaire ayant oublié toutes les humiliations qu’elle m’avait si gentiment fait subir). Curieuse, j’allai sur sa page afin de connaitre un peu plus l’animal que j’avais ajouté à ma bassecour. Il y avait un beau petit post disant « aimez ma page et gagnez une nouvelle vie ». Une nouvelle vie, rien de moins ! À ce point-ci, à part vendre mon corps sur le coin d’une rue (et encore là !), j’étais prête à faire n’importe quoi pour me sentir à nouveau vivante. Sans trop y penser, je fis comme il m’était demandé et je passai à un autre appel. Je me couchai en me faisant des scénarios du prix à gagner : un million de dollars, un voyage à Hawaii, une croisière à l’autre bout du monde, une nouvelle identité… un tueur à gages pour mon sportif de salon. Je m’endormis, recroquevillée de mon côté du lit, en rêvant à toutes les possibilités qui s’offraient à moi.

Le lendemain, je ne pensais déjà plus à cet étrange concours lorsque je reçus un message privé :

« Bravo ! Vous avez gagné une nouvelle vie. Veuillez trouver ci-joint un questionnaire à répondre le plus honnêtement possible. »

Je savais ce que cachaient ces petits stratagèmes : je me retrouverais avec un abonnement à Weight Watchers, enregistrée auprès de l’Église de scientologie ou bien abonnée à une revue existentielle quelconque. Je me dis que, puisque je connaissais les risques, je saurais éviter les pièges. De plus, je pourrais m’amuser un peu aux dépens de ce (ou cette) supposé Camille Britton. On verrait bien qui était le plus futé !

Q1 : Que voulez-vous changer ? R1 : ma vie (c’est ce que vous m’avez promis, non ?)

Q2 : De quoi avez-vous peur ? R2 : des hauteurs.

Q3 : Quel est votre souhait le plus cher ? R3 : voler comme un oiseau.

Q4 : Que craignez-vous dans la vie ? R4 : la solitude.

Q5 : De quoi avez-vous besoin ? R5 : de solitude.

Je riais à l’intérieur de moi-même : je mettais volontairement mes réponses en contradiction. Je me demandais bien vers quel entubage je serais dirigée. Je finis ce sondage à la con et retournai à mes casseroles : je devais quand même nourrir les êtres inutiles vivant sous mon toit. J’aurais bien retourné deux d’entre eux d’où ils venaient (non pas dans mon utérus, mais bien dans les couilles de leur père) et j’aurais sorti ladite nullité sur deux pattes de ma vie à coups de pied au derrière. Dans les jours qui suivirent, j’allai souvent vérifier ma messagerie Facebook sans trouver aucune réponse de Camille Britton. J’étais assez fière d’avoir eu le dernier mot. Décidément, on me prenait vraiment pour une ménagère sans cervelle !

Je ravalai ma bravade une semaine plus tard, lorsque je trouvai un colis sous mon porche. Il était sommairement empaqueté dans du papier kraft, comme une vulgaire pièce de viande. Je mis mon oreille au paquet : non, aucun « tictac » suspect. J’examinai l’emballage plus attentivement : aucune adresse de l’expéditeur… aucun timbre non plus. J’ouvris avec précaution le paquet pour y trouver deux guides sur la découverte de soi et une carte, que j’ouvris avec circonspection.

« Votre collaboration fut grandement appréciée. Veuillez trouver ci-joint un petit coup de pouce pour achever la mise en place de votre prix. Amicalement, Camille. »

À l’intérieur de ladite carte, je trouvai un billet d’avion et une réservation d’hôtel pour la Provence. Je me demandais si je n’aurais pas intérêt à aviser daredare les autorités : c’était assurément un stratagème pour piéger de pauvres femmes dans les méandres du trafic humain. Je n’étais pourtant plus une petite poulette de dix-huit ans, ce fraudeur aurait dû le réaliser en lisant mon profil, que diable! Je mis le tout dans mon tiroir de chambre et retournai à ma besogne : je devais me préparer, car ce soir c’était mon anniversaire et mon cher mari m’inviterait très certainement au restaurant et au cinéma. Cliché, je sais, mais je ne sortais pratiquement jamais. Ce petit écart du traintrain quotidien m’était suffisant. Toutefois, ce soir-là, j’eus droit à un oubli complet de mon anniversaire tandis que ma mauviette s’installa au salon avec ses amis pour un match de foot. Le lendemain, je fis ma valise, laissai un mot disant : « Je n’en peux plus, je prends des vacances. Je t’appelle dans quelques jours » et partis à l’aventure.

Et c’est comme ça que je me retrouvai perchée sur le bord du pont d’Artuby, un harnais entre les jambes et un élastique démesuré attaché aux chevilles. Les détails de l’étonnant rendez-vous avaient été laissés à mon hôtel, et je fus accueilli sur le lieu de ma bêtise par une équipe se disant envoyée par Camille Britton. Tandis que j’atteignais le bout de mon câble et que je rebondis, semblant voler comme un oiseau, je me sentis enfin libre et légère, pour la première fois depuis des années. À cet instant, je sus pourquoi j’avais liké Camille Britton : pour me prouver que je pouvais aller au bout de mes possibilités, que rien n’était hors de portée aussi longtemps que j’aurai le gout de vivre et que la peur de l’inconnu serait un concept à oublier à l’avenir. Maintenant, je savais ce que je devais faire. Je n’avais pas encore atteint la moitié de ma vie : il était temps de vivre à plein la seconde moitié.

Mais au fait, me demandais-je encore, qui est Camille Britton ?

* Ce texte est conforme à la graphie rectifiée.