Critique littéraire – La Mort et l’enfant

Synopsis (Amazon)

Atteint d’une maladie cardiaque dégénérescente, Daniel Sullivan n’a plus que quelques heures à vivre. Dans sa chambre d’hôpital à Hartford, il rencontre celle venue le chercher. L’enfant refuse cependant de la suivre sans avoir rien connu de ce monde… […] Aux frontières du drame humain, du récit onirique et du conte, découvrez la fantastique odyssée d’un enfant aux côtés du plus incroyable des guides, la Mort en personne…

Critique de l’œuvre

Premièrement, que dire de la magnifique couverture, qui reflète exactement l’histoire qui nous est présentée ? Sublime !

Ce n’est pas la première fois que je lis un Alexis Arend, qui a décidément un don de sorcier en ce qui concerne la magie des mots. Il sait utiliser des figures de style qui sont courtes et efficaces nous plongeant à fond dans les scènes présentées et qui nous font ressentir les émotions des personnages comme si elles étaient les nôtres. Je me permets de reproduire deux exemples tirés de son livre :

Stacy déglutit et, se redressant en tremblant, parvint miraculeusement à ne pas s’effondrer en pleurs sous les yeux de son fils, ravalant tant bien que mal un sanglot lourd qui lui venait de très loin en elle, raclant chacune des cellules de son corps et charriant avec lui toute la peine à vif et toute la rage gorgée d’impuissance qui torturaient son cœur vaincu de mère et lessivaient son âme meurtrie.

Sentez-vous également dans vos tripes la douleur incommensurable de cette mère qui doit faire face à l’impossible, c’est-à-dire la mort inévitable de son enfant, et qui tente de rester forte à son corps défendant ?

Les réverbères de la grande artère de la ville, postés en sentinelles à intervalles réguliers en précieux remparts contre la nuit, postillonnaient dans le renfoncement constitué par cette étroite ruelle transversale une sorte de lueur jaunâtre, timorée, qui peinait à mordre dans ces ténèbres froides.

On sent la nuit, on sent le froid et la pluie, on sent le danger, non ? Tout ça en quelques lignes à peine.

Ce livre vient nous chercher dans la peine et la douleur du petit Danny qui va mourir, mais également dans l’extase qu’il vit auprès de la Mort, qui l’emmène faire un dernier voyage extraordinaire et significatif. Cela rappelle beaucoup Scrooge dans la dimension du voyage à travers le passé, le présent et le futur, mais aussi les répercussions d’une simple action à la Butterfly Effect. C’est un livre à dévorer du début à la fin pour rester dans l’élan et la profondeur de l’histoire. Vous l’aurez deviné, c’est également une œuvre à saveur fantastique (par exemple, La Mort vit en effet au bout de la galaxie habitable où elle s’assit sur un joli banc de pierre en compagnie du jeune Danny – une image projetée au bénéfice de son jeune compagnon de voyage, on le comprend bien). Toutefois — et même pour ceux qui, comme moi, ne sont généralement pas adeptes de ce genre littéraire —, l’histoire est si bien ficelée qu’on en oublie presque le volet fantastique. Ce n’est pas un livre d’action ou un suspense, mais bien une histoire douce et dure à la fois qui ne nous laisse pas indifférents.

Ce que je trouve toujours un peu rigolo d’Alexis, qui est Français, c’est le fait que ses livres se passent toujours aux États-Unis, mais qu’ils sont écrits avec les expressions de la France. Je dois dire que je ne lis plus de traductions de littérature étatsunienne depuis des années, donc je ne suis plus habituée à ce phénomène, j’imagine.

 Quelques points de ventes

* Terme francophone pour e-book et e-reader selon l’Office de la langue française du Québec.