Critique littéraire : Les villages de Dieu

Synopsis (provenant d’Amazon) :

Retranchées dans des cités qui tirent leur nom de la légende biblique – Puissance Divine, Bethléem – des gangs de bandits pillent, violent et assassinent, en toute impunité. Celia, adolescente, cherche à survivre, tantôt en se prostituant, tantôt en faisant la chronique des femmes de la cité sur les réseaux sociaux, où elle devient influenceuse. Les villages de Dieu dit l’effondrement et la banalité du mal dans cette ville de Port-au-Prince livrée à ses démons.

Critique de l’œuvre

Non, ce livre n’est pas religieux, bien qu’il soit en effet plutôt loin de mon style de lecture habituel. J’ai acheté ce roman en version électronique après avoir lu un article de Dany Laferrière paru à la suite de l’assassinat du président haïtien. Bien que ce soit à la base un roman, l’autrice, Emmelie Prophète, nous transporte dans la réalité des bidonvilles de Port-au-Prince où la vie passe sans réel espoir, sans ambition autre que celle de survivre au mieux. Ce roman est écrit avec à la fois une urgence dans le texte, une impatience accompagnée d’une douce résignation. Il nous décrit le quotidien de gens certes fictifs, mais le sont-ils vraiment ? Quelque part, ce coup d’œil dans la vie de Celia est empreint d’une dure réalité.

Durant ma lecture, j’ai fait de petites recherches sur le présent d’Haïti — des photographies, des promenades en « GoPro » au centre-ville de Port-au-Prince, des articles qui semblent tout juste sortis du roman tellement ils dépeignent une réalité similaire — et je me suis trouvée EXTRÊMEMENT privilégiée de vivre ici, dans un environnement sécuritaire et propre, où je peux me promener sans avoir peur de finir sur la trajectoire d’une balle perdue.

Verdict C’est un livre à lire pour découvrir tout au long du récit fictif de Celia et de ses voisins la réalité que vivent les Haïtiens, certes, mais également — on peut le supposer sans risque d’erreur, je crois — d’autres peuples pour lesquels il semble que la vie est pénible dès la naissance, où la misère n’est pas un état temporaire, mais un quotidien, une normalité. On ne parle pas ici d’un coup dur, mais bien d’une existence complète dans la pauvreté, la violence, le désespoir. Un livre poignant à lire absolument.