Critique littéraire — Prix de la nouvelle Radio-Canada 2016

Critique - Lauréats prix de la nouvelle

Source: ici.radio-canada.ca

Je sais, je suis un peu en retard avec cet article puisque les gagnants ont été dévoilés au mois d’avril. Vaux mieux tard que jamais, non ? Je voulais également prendre la peine de tout relire avec un œil nouveau. Voici donc mon opinion sur les textes en lice.

Je t’écrirai dans l’air de Johanne Alice Côté (gagnante)

Trop poétique et cahoteux à mon gout. À mon avis, elle aurait dû mettre l’accent sur ce qui se passe dans la tête du personnage (une femme qui fait le deuil de son enfant décédé) au lieu de pointer de petits détails sans importance. C’était pourtant bien parti. Le fond est bon, mais un peu trop ésotérique pour rien et, surtout, sur des points dont on n’a rien à cirer. Comme beaucoup le savent, je n’ai pas l’âme poétique ; ce texte est peut-être un chef-d’œuvre que j’ignore. Je m’étais dit que j’aurais avantage à relire consciencieusement, à tête reposée. Ce que j’ai fait plusieurs semaines plus tard. Malheureusement, même résultat. Trois étoiles.

Séparation de corps de Mathieu Blais (finaliste)

Déjà, un homme qui se met dans le corps et l’âme meurtrie d’une femme, j’aime bien. Le texte, les mots et la forme sont simples, parfois brusques, mais je crois que c’était nécessaire dans cette histoire. La violence conjugale d’une longue relation explorée en quelques minutes arrachées à la peur de le voir revenir avant qu’elle n’ait pu partir. On sent la détresse de cette femme meurtrie, pure et sans flafla, et nous avons juste envie de la prendre dans nos bras pour la réconforter. Cinq étoiles.

Tout le monde tout le temps par Victor-Olivier Hamel-Morasse (finaliste)

Une étrange histoire de science-fiction et qui se passe au Québec. Cette nouvelle se démarque par le fait qu’elle nous amène dans un futur où l’environnement a foutu le camp. Le langage utilisé est très simple et minimaliste, mais il nous permet d’entrer dans l’esprit d’une personne qui, au fond, n’en sait pas plus que nous. Le personnage se promène dans une ville qui jadis (notre présent) était vivante et électrique et qui n’est plus que l’ombre d’elle-même. C’est l’histoire de quelqu’un qui est perdu, autant dans son esprit que dans le monde qui l’entoure. Quatre étoiles.

Long-courrier de Laurent Duval (finaliste)

Encore un homme qui utilise un personnage féminin et qui réussit à nous le faire croire. Ce qui semble de prime abord être une petite histoire d’amour se transforme rapidement en suspense qui nous fait nous tenir au bord de notre chaise. Un rythme rapide très bien maitrisé. Je serais curieuse de lire une version plus longue pour en avoir encore plus. Une chute en queue de poisson comme je l’aime. Cinq étoiles.

L’anguille de Brigitte Trudel (finaliste)

Un texte bien québécois écrit avec simplicité, mais avec une habileté certaine. J’ai beaucoup aimé le parallélisme entre l’histoire toute bonasse de l’anguille et la séparation sous-entendue des parents des deux fillettes. Un texte doux qui montre bien que les enfants, même si nous croyons être subtiles dans nos propos, comprennent toujours plus que l’on croit. Quatre étoiles.

CONCLUSION

J’aurais aimé lire l’histoire de Polly-Lee Moore (l’une des vingt finalistes), car je suis presque certaine que c’est une des ingénieures avec laquelle j’ai travaillé à la fin des années 90. À dire vrai, j’aurais aimé lire tous les textes pour voir lesquels auraient mérité, d’après moi, bien sûr, d’être l’un des cinq finalistes du concours « Prix de la nouvelle » 2016. Mais bon, avoir une vitrine est l’un des privilèges des gagnants, non ?

Pour ma part, j’ai déjà écrit un premier jet pour le prochain Prix de la nouvelle (septembre 2016) et le Prix du récit (janvier 2017). Des histoires remplies de bonheur et totalement positives (c’est ironique au cas où vous ne l’auriez pas encore compris !). Le syndrome de la page blanche… qu’est-ce que c’est ?

Je vous laisse vous faire votre opinion en ce qui concerne les histoires des derniers finalistes.

Bonne lecture !