Critique littéraire sur… les livres interdits! 1 de 3 : Nègres blancs d’Amérique

Tout d’abord, ce livre doit se lire en gardant à l’esprit deux faits : premièrement, l’auteur a rédigé ce livre dans un court laps de temps en étant incarcéré dans une prison étatsunienne où il écrivait debout (appuyé sur le lit de l’étage supérieur) durant des heures à la musique très peu reposante des cris et du brouhaha constant. Deuxièmement, il est écrit par un jeune révolté de la génération du duplessisme et de révolution tranquille.

Deux préfaces écrites à quelques années d’intervalle, un avertissement de l’auteur et une présentation, on finit par avoir hâte que le livre commence comme tel (ou bien on se demande pourquoi on l’a acheté finalement !). L’auteur nous peint une histoire de la colonisation bien différente de ce que nous avons appris à l’école, c’est le moins que l’on puisse dire. Ce n’est toutefois pas nécessairement erroné ; les historiens nous disent bien ce qu’ils veulent bien nous dire selon leurs convictions — personnelles et politiques — et le but recherché par leur analyse. J’ai apprécié particulièrement la partie où l’auteur nous brosse un portrait honnête de son enfance, de son arrogance et de son égocentrisme face au jugement qu’il a sur ses parents et sur ses concitoyens d’infortunes. C’est une partie de l’histoire moderne du Québec qui n’est pas enseignée ; on doit lire des ouvrages — biographiques ou bien fictifs, mais basés sur l’histoire réelle — pour comprendre à quel point le Québec s’est développé tout de même rapidement entre les années 40 et 70. Toutefois, l’auteur m’a ensuite perdu avec des descriptions de différentes philosophies qui l’aidèrent (ou non !) à se comprendre et comprendre le monde qui l’entoure (j’ai même sauté presque tout un chapitre traitant de différentes théories philosophiques), ce qui me fit me poser la question suivante : cet homme était-il capable de penser par lui-même ou bien avait-il absolument besoin que d’autres personnes lui soufflent les réponses ?

J’en retiens que l’auteur était un homme éternellement insatisfait qui voyait seulement le négativisme qui l’entourait au lieu de tenter de transformer sa vie et celle de ceux qu’il côtoyait positivement et de se consacrer à ses études (même si les professeurs et les matières enseignées l’emmerdaient – il était tout de même un privilégié de pouvoir étudier) au lieu de passer des soirées à discuter inutilement de préceptes philosophiques et poétiques tout en crachant sur ses parents comme s’ils étaient de la crotte de chien sous un soulier. Ce n’est pas compliqué, il crache sur tout le monde : ceux qui sont nés avec une cuillère en argent dans la bouche, ceux qui ont réussi à s’élever au-dessus de leur condition à la sueur de leurs fronts, ses parents qui font du mieux qu’ils peuvent pour survivre tandis que lui, il s’invente une utopie irréalisable avec de grands principes théoriques sans même fournir une ligne de pensée concrète à savoir comment une telle société « idéale » pourrait fonctionner dans la vie de tous les jours. Il sauta d’une théorie à l’autre et se fit une nuisance de lui-même au lieu de créer un monde meilleur selon ce que LUI voulait changer. Ceci est mon opinion très personnelle, mais je n’ai aucun respect pour les beaux parleurs qui ne travaille pas à bâtir une société meilleure et qui ne pense qu’à la transformer aux moyens d’actes terroristes. Nous pouvons à la limite comprendre de tels gestes au sein d’un brutal régime dictatorial, mais pas au sein d’une démocratie — aussi imparfaite soit-elle — lorsque d’autres moyens s’offrent à nous ? C’est peut-être moins rapide et plus ardu d’y aller avec les moyens politiques du bord, mais je ne vois pas comment il espérait que ces actes terroristes aideraient LA cause.

En conclusion, ce livre m’a profondément déçu, peut-être parce que j’avais de trop grandes attentes — moi la profane de toutes théories philosophiques — sa renommée l’ayant précédé. Aussi, peut-être ai-je en cours de lecture les deux faits importants mentionnés en introduction, c’est-à-dire que c’est un livre engagé et, de ce fait, qu’il nous offre que la vision propre au but de l’écrit, et qu’il a été rédigé dans des conditions loin d’être idéal pour un ouvrage de cette profondeur.